Carême 2015

« Le Carême, c’est retrouver cette intimité aimante avec le Christ » À quoi bon tant d’efforts ? Le Père Max Huot de Longchamp, prêtre du diocèse de Bourges, docteur en théologie, auteur du "Carême pour les cancres 2010 ", rappelle que la pénitence ne trouve son sens que dans l'amour de Dieu. www.famillechretienne.fr - Famille Chrétienne n° 1675 du 20 au 26 février 2010

En quoi consiste le Carême ? Ce temps a pour but de faire de nous des inconditionnels du Christ, comme nous l'avons promis au jour de notre baptême ! Il nous offre l'occasion de réformer nos comportements, mieux : de laisser le Christ les réformer, les conformer à son cœur. Car c’est bien lui qui fera le travail de ce Carême, pas nous ! Souvent, on mesure le Carême à nos efforts.

Ils sont nécessaires, oui, mais le véritable effort consiste à se tourner vers Dieu. Pour cela, appuyons sur le bouton de l’ascenseur spirituel, selon l'expression de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Sinon, nous en restons à la morale. Or, le Carême, c'est du spirituel, du surnaturel.

Comment faire de ce temps de privations, de pénitence et d’efforts, un temps joyeux, sans pour autant gommer l’aspect pénitentiel de nos vies?

L'expérience pastorale montre qu'il est plus facile d'organiser une quête pour les victimes d'une catastrophe que de faire rester les paroissiens pour un quart d’heure d'adoration après la messe du dimanche. Alors que cela ne coûte rien ! En réalité, la vraie «valeur ajoutée» est pourtant là, car c'est Dieu qui la donne.

On se laisse toujours piéger : tant qu'on est dans le « faire », on déplace les problèmes ; seul Dieu les résout. Ce qui dépend de nous, c'est de nous « brancher » sur lui, c'est la relation personnelle à lui.

La tradition de l'Eglise met un ordre dans les pratiques de Carême : prière, jeûne, partage. La prière est première. Elle permet d'« ouvrir le robinet» de la grâce, sinon, on transporte des seaux vides. La priorité va donc aux temps de prière, à l’écoute de la Parole, plus qu'à la mise en place de bonnes habitudes.

Les saints nous le montrent bien : on n'avance dans la vie chrétienne que par préférence amoureuse. « Regarde Jésus ! », tel est leur refrain.

Alors oui, on tombe amoureux de lui. Certes, l’amour entraîne l’effort, mais il n’en est plus un quand on aime. Les efforts ne sont pas « pour aimer», mais «parce qu'on aime». Le sens du Carême est de retrouver cette intimité aimante avec le Christ, temps où l’on se jette dans les bras de Dieu.

Quarante jours, c’est à la fois très long et très court... Comment la famille peut-elle aider à tenir dans la durée ?

Il y a bien sûr une dimension familiale dans le Carême, puisque la famille est celle d'Église. Pour les plus jeunes, des résolutions prises en famille seront naturellement plus pédagogiques, et l'émulation aidera. Innovons dans ce domaine.

Le jeûne alimentaire n'est pas toujours le plus significatif: décidons ensemble de remettre à leur vraie place l'ordinateur, la télévision... autant de domaines où nous péchons par gourmandise !

Mais que le moteur de ces décisions soit toujours l'amour du Christ. Si l’on propose quarante jours d'efforts parce que «ça se fait», le Carême sera ressenti comme pénible, et les enfants n'attendront pas d'avoir 15 ans pour l’envoyer promener. Si l'on propose quarante jours d’intimité avec le Christ, le Carême ne semblera pas assez long ! Parlez de l’amour, vous obtiendrez la pénitence ; parlez de la pénitence, vous n’obtiendrez jamais l’amour.

(1) Éd. Centre Saint-Jean-de-la-Croix.                      Père Max Huot de Longchamp

 

Le Carême

À peine avons-nous prononcé ce mot que nous pensons : faire des efforts, des privations, tenir des résolutions, en un mot froncer les sourcils et prendre la tristesse au sérieux ! Un Carême qui part de nous pour aller à Dieu, au lieu de partir de Dieu pour aller à nous.

En fait, il faudrait essayer d'inverser les choses : le Carême, ce n'est pas de tenir, ni de retenir, c'est au contraire d'ouvrir, de laisser la Vie nous envahir, nous traverser et nous transformer, pour qu'elle se répande autour de nous. Alors la vie peut nous convertir, opérer en nous un retournement qui nous fait retrouver la Source qui nous habite.

Dans l'Évangile de la Passion selon saint Matthieu, nous pouvons lire : « Le Maître te fait dire : "Mon temps est proche, c'est chez toi que je vais faire la Pâque" » (Matthieu 26,18). Voilà ce que Jésus nous dit à chacun : Mon temps est proche. C'est le temps du déploiement de mon amour pour toi jusqu'au bout, le temps où je désire « faire ma Pâque chez toi », dans ton cœur profond, dans la vérité de ton être et de ta chair. Pâque est un mot qui signifie : passage. Laisse-moi passer en toi, laisse-moi passer chez toi ! Laisse-moi te faire passer de la mort à la Vie, à travers tes faiblesses, tes souffrances, tes peurs, offertes et ouvertes à mon Cœur transpercé, déposées et remises dans la tendresse de mes Mains crucifiées. Est-ce que tu veux bien me laisser donner à ton temps humain, à ton histoire et à ton quotidien, leur sens radical et toute leur mesure intérieure ?

 

Sr Marie-David (Abbaye de Jouarre)

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